Des entreprises françaises reçoivent une demande d'informations sur leurs programmes anti-discrimination, suscitant des réactions vives du gouvernement français.
Plusieurs entreprises françaises ont récemment reçu une lettre de l'ambassade des États-Unis leur demandant si elles avaient mis en place des programmes internes de lutte contre les discriminations.
Le courrier, accompagné d'un questionnaire, avertissait que le non-respect de ces mesures pourrait les disqualifier de contrats avec le gouvernement américain.
Cette initiative a été qualifiée par le ministère de l'Économie français d'"ingérence inacceptable".
La lettre a été adressée à un nombre non précisé d'entreprises, estimé à "quelques dizaines" par le cabinet du ministre de l'Économie, Eric Lombard.
Les grandes entreprises contactées n'ont pas confirmé la réception de ce document, décrit comme inhabituel et ne provenant pas d'un format officiel.
Selon des sources juridiques, ce courrier n'avait pas le caractère d'une communication diplomatique formelle.
Les tensions commerciales entre la France et les États-Unis, aggravées par l'administration Trump, se sont récemment intensifiées.
Le ministère français a déclaré que cette pratique ne reflète pas les valeurs françaises, en précisant que la France interdit de nombreuses formes de discrimination positive.
Amir Reza-Tofighi, président de l'organisation patronale CPME, a qualifié cette initiative d'"inadmissible", dénonç
ant une" atteinte à la souveraineté".
De son côté, la CGT a exhorté le gouvernement à prévenir les entreprises de ne pas adopter de politiques qui nuiraient à l'égalité entre les sexes et à la lutte contre le racisme.
La lettre mentionne également un décret de l'administration Trump, notifiant que les fournisseurs du gouvernement américain doivent se conformer aux exigences anti-discrimination.
Les entreprises ont été invités à remplir et retourner le questionnaire dans un délai de cinq jours.
En France, la discrimination positive sur la base d'origines, de religion ou d'ethnie n'est pas légale, et les entreprises qui choisiraient de suivre les recommandations de l'ambassade se mettraient en contradiction avec le droit français.
La loi impose des quotas concernant l'égalité hommes-femmes, particulièrement dans les entreprises de plus de 1 000 salariés, avec des objectifs de représentation des femmes dans les postes de direction.
L'ambassade des États-Unis à Paris n'a pas répondu aux demandes de commentaire concernant ce courrier, qui soulève des questions sur les limites de l'application des lois américaines sur le sol français.